Comment une pandémie mondiale peut accélérer la mise en place de villes plus intelligentes
La fondatrice et chef de la direction de la plateforme québécoise pour ville intelligente affirme que son entreprise n’a jamais été aussi occupée.
Les répercussions du nouveau coronavirus ont été ressenties dans pratiquement tous les secteurs de l’économie, et les villes ne font pas exception. Les gouvernements locaux s’efforcent de maintenir les services et d’assurer la sécurité publique, mais ce faisant, ils perdent des millions de dollars en raison de la diminution des revenus provenant des services de transport en commun, des impôts fonciers, et des arénas et lieux d’attractions appartenant à la ville. Il y a cependant un bon côté à cette crise sanitaire; elle accélère également les changements technologiques positifs au sein des municipalités tournées vers l’avenir.
« La crise de la COVID-19 joue le rôle d’accélérateur », affirme Vivianne Gravel, fondatrice et chef de la direction de bciti, un fournisseur de plateformes et de solutions pour les villes intelligentes basé à Montréal, au Québec. « La pandémie s’avère être un catalyseur de la transformation numérique au sein des villes intelligentes, des gouvernements intelligents et même parmi les citoyens. »
Madame Gravel a consacré sa carrière à l’entrepreneuriat technologique. En 2015, elle a fondé et lancé bciti, une plateforme sophistiquée pour ville intelligente qui relie les systèmes, numérise les services aux résidents et fournit aux autorités locales des tableaux de bord analytiques en temps réel. La plateforme s’appuie sur les avancées technologiques telles que l’IA et l’Internet des objets (IdO) pour recueillir et regrouper des quantités massives de données provenant de sources éthiques, fournissant aux décideurs des renseignements précieux sur les processus de la ville ainsi que sur les besoins des résidants et des visiteurs.
La plateforme est déjà mise en service dans plus de 25 villes du Québec, mais depuis le début de la pandémie, l’équipe de bciti a enregistré une hausse des demandes de la part de ses clients actuels et potentiels. Pour développer la plateforme, bciti travaille en étroite collaboration avec des partenaires stratégiques tels que l’Université Laval (ULAVAL), l’École de technologie supérieure (ÉTS), l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), l’Université du Québec à Chicoutimi (UQÀC) et l’Institut de valorisation des données (IVADO).
« Notre plus grand défi à l’heure actuelle est de simplement répondre à la demande. »
Une partie de l’effort porte sur la nécessité de protéger la sécurité des employés municipaux. Madame Gravel affirme que la plupart des villes ont rapidement préparé et mis en service de l’équipement qui permet aux employés de faire leur travail à distance afin de pratiquer un éloignement social efficace. Mais la mise en place du travail à distance n’est qu’une étape vers le but premier d’une ville, qui est d’aider les gens qu’elle sert.
Pendant une pandémie, cette aide pourrait prendre la forme de mesures allant de la révision des horaires des transports en commun à la surveillance du respect des règles d’éloignement social. Ces tâches dépendent de technologies qui permettent aux travailleurs municipaux de recueillir des renseignements provenant de diverses sources, telles que les caméras publiques qui captent et surveillent la circulation des personnes et des véhicules, de les comprendre et de prendre les mesures appropriées rapidement.
Selon madame Gravel, une solution de ville intelligente correctement mise en œuvre fournit des données précieuses au-delà de sa fonction principale. Par exemple, une application orientée vers le consommateur peut aider un utilisateur final à trouver une place de stationnement, mais les données qu’elle recueille peuvent également être utilisées par la ville pour comprendre les tendances de circulation, les taux d’utilisation, la densité prévue de piétons, etc.
« Si les systèmes (et les solutions) d’une ville sont fragmentés en silos distincts, alors il n’est pas possible de maximiser les données en utilisant des algorithmes d’IA prédictive », explique-t-elle. « Dans une ville intelligente, ces systèmes sont connectés d’une manière qui permet aux décideurs de tout voir et comprendre en un seul endroit et, si nécessaire, de partager les données de manière éthique avec d’autres municipalités et régions urbaines. »
« Les villes veulent se connecter avec les gens en temps réel. »
Les technologies IdO qui tirent parti des réseaux LTE-M et 5G émergents permettent non seulement de recueillir les données utilisées par les habitants et les infrastructures de la ville, mais elles jouent également un rôle essentiel en ouvrant la voie à des communications bidirectionnelles entre les gouvernements locaux et leurs électeurs.
« Les villes veulent se connecter avec les gens en temps réel », affirme madame Gravel. « Cela est devenu une priorité. Elles ont besoin d’un système qui leur permet de communiquer localement, de diffuser des messages importants et de créer des forums de discussion et de rétroaction. »
Vivianne Gravel, fondatrice et chef de la direction de bciti
Avec des règles et des modalités appropriées en vigueur pour satisfaire toute considération éthique, elle voit les possibilités pour les décideurs de recueillir et d’utiliser ces renseignements pour mieux faire leur travail.
Toutefois, que ce soit en raison de préoccupations liées à la protection de la vie privée, de la lourdeur administrative, de la peur du changement ou d’une volonté politique axée sur d’autres priorités, certaines municipalités ont été lentes à mettre en œuvre les technologies offertes et à regrouper les services sous une infrastructure numérique commune. Mais les dures réalités de la COVID-19 incitent maintenant les décideurs à faire le saut.
« Aujourd’hui même, nous avons reçu un appel d’un client qui n’avait pas envisagé de connecter des services existants dans un avenir proche », raconte madame Gravel. « Il veut maintenant examiner la possibilité de connecter plusieurs systèmes, y compris ceux de la cour municipale et de la gestion des permis fiscaux, afin de pouvoir fournir un service plus fiable et plus efficace à mesure que la pandémie évolue. »
« Je ne pense pas que les choses vont redevenir comme avant… »
Madame Gravel pense qu’une fois qu’une ville se tourne vers l’avenir et qu’elle profite des avantages offerts par les plateformes pour villes intelligentes, il est peu probable que les gens voudront faire marche arrière simplement parce que la pandémie est terminée.
« Je ne pense pas que les choses vont redevenir comme avant », affirme-t-elle. « Beaucoup d’employés municipaux ne reviendront pas à un lieu de travail central à l’hôtel de ville, et les décideurs auront une meilleure autonomie grâce aux données nouvellement acquises et intelligemment organisées. L’élan vers des villes plus intelligentes s’est accéléré et continuera sur cette lancée. »
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