Quatre transformations que l’industrie de la construction subira d’ici 2028
Mark Bryant, expert en technologie et chef de la direction de l’information chez PCL Construction, aborde les changements et les défis auxquels est confrontée cette industrie en pleine révolution numérique.
Pour certains, les domaines de la construction et de la technologie, tout comme l’huile et l’eau, sont diamétralement opposés. Tandis que le monde de la technologie ne tourne parfois qu’autour des entreprises émergentes du moment, le marché de la construction est l’un des secteurs les plus anciennement établis au Canada. La plus grande entreprise du pays, PCL Construction, a été fondée il y a bien plus d’un siècle, en 1906. Tout comme de nombreuses entreprises réputées, son service des TI se concentre sur des activités plus traditionnelles comme les mises à jour logicielles et la maintenance de serveurs.
Selon le chef de la direction de l’information de l’entreprise, Mark Bryant, même si tout a changé au cours des dernières années, le défi était de taille. « Les personnes en informatique n’ont pas de connaissances en construction, pas plus que les équipes de construction ont les compétences nécessaires en TI. Il suffit toutefois de les regrouper pour obtenir un duo d’enfer comme le chocolat et le beurre d’arachides », explique-t-il.
Au cours des dix dernières années, M. Bryant a transformé la société en chef de file du numérique en y intégrant des technologies de pointe, des appareils intelligents et des drones sur le terrain. « Ma responsabilité principale consiste à poursuivre sur la même lancée. Je compte moderniser notre entreprise et nous faire entrer dans la nouvelle ère de la construction. »
Quatre prévisions pour l’avenir de la construction
Au cours de la dernière décennie, le domaine de la construction a connu des progrès rapides, et cet essor ne ralentira pas de sitôt. En fait, Mark Bryant prédit que le rapprochement entre la technologie et le bâtiment s’accentuera davantage durant les cinq prochaines années.
- Capteurs : PCL a déjà recours à des capteurs de durcissement du béton, mais il prévoit également que ce dispositif de l’Internet des objets (IdO) sera extrêmement répandu en construction : des cloisons sèches aux outils en passant par les parquets en bois dur. Au moyen de ces capteurs, il sera possible de collecter des données en temps réel concernant les facteurs qui influent sur le rendement ou la sécurité des matériaux, comme les niveaux d’humidité. « Aujourd’hui, ils ne nous envoient que de simples alertes. Demain, les capteurs seront omniprésents, intelligents et assez remarquables! », ajoute M. Bryant.
- Jumeau numérique : Essentiellement, le jumeau numérique constitue une réplique exacte d’un bâtiment en format numérique. « Pensez-y comme à un immeuble qui vous parle, explique M. Bryant. J’ai trop chaud. J’ai trop froid. Il y a une fuite d’eau au huitième étage. Un jumeau numérique crée cette capacité de voir comment un immeuble se comporte et fonctionne sous tous les aspects. »
- Réalité augmentée et virtuelle : Étant donné que PCL s’est fixé un objectif de zéro incident, Mark Bryant est particulièrement enthousiaste à l’idée d’appliquer la technologie dans ce domaine. « Il est possible que la réalité augmentée s’intègre un jour aux formations sur la sécurité, donnant ainsi aux membres du personnel la possibilité de participer activement à des scénarios de simulation. Vu le niveau de réalisme de la formation, les occasions d’apprentissage seront sans doute nombreuses. »
- Robotique : L’équipe a déjà fait appel au chien robotisé viral ainsi qu’à des drones, mais à en croire M. Bryant, ce n’est qu’un début. « On verra des robots qui n’ont même pas encore été inventés. »
Obstacles à l’entrée : Quatre obstacles à l’adoption du numérique dans le secteur de la construction
Comme c’est le cas pour la plupart des industries, les changements d’envergure s’accompagnent d’un certain nombre de défis. Les chantiers de construction sont très complexes et grouillent généralement d’activité. Il peut être déjà assez difficile de respecter le budget et l’échéancier, sans parler d’introduire de nouveaux facteurs comme la technologie intelligente. À ce titre, Mark Bryant considère que les quatre principaux obstacles à la mise en œuvre de l’IdO et des avancées similaires dans ce domaine sont les suivants :
- Tâches axées sur des projets : En fonction de sa complexité, un chantier peut s’étaler sur des mois, voire des années. Il a fallu plus de deux ans à PCL pour terminer la construction de l’amphithéâtre Rogers Place à Edmonton, où près de 100 travailleuses et travailleurs[AP1] se trouvaient en permanence sur le chantier, du début jusqu’à la fin du projet. D’après Mark Bryant, lorsqu’elles amorcent un nouveau projet, les équipes « s’étonnent de la présence de drones et de tout autre élément inhabituel. C’est un modèle de travail qui n’est pas sans contraintes. »
- Lacunes en matière de formation : En raison de cette structure d’emploi, il est difficile d’assurer une formation uniforme dans l’ensemble de l’industrie. « L’investissement dans la technologie n’est pas aussi considérable qu’il devrait l’être. Il faut généralement attendre cinq ans avant que le secteur n’adopte entièrement un nouvel outil. En investissant davantage, on pourra mettre en place quelque chose de complètement nouveau en moins d’un an », fait remarquer M. Bryant.
- Marges bénéficiaires : Bien que la facture associée aux projets de construction soit souvent assez impressionnante, une fois que l’on tient compte du coût des matériaux et de la main-d’œuvre ainsi que des autres dépenses connexes, la marge de profit qui en découle est en fait très mince. Il est donc plus difficile de trouver des fonds pour la mise à l’essai de nouvelles solutions technologiques.
- Fatigue numérique : Puisque l’usage de la technologie a explosé en si peu de temps, il est compréhensible que les équipes se sentent un peu dépassées par tous ces changements. « On a mis en œuvre plus de technologies au cours des cinq dernières années que dans toute l’histoire de la construction combinée, affirme Mark Bryant. On en arrive à un point où un être humain ne peut s’adapter qu’à une quantité limitée de changements pendant une période donnée. On doit se tenir à l’affût de la technologie, tout en veillant à ce que les transitions bouleversent le moins possible le travail de notre personnel sur le terrain. »
Quelle est la prochaine étape? Miser sur le succès dans le secteur de la construction
Malgré les obstacles potentiels, M. Bryant se montre très optimiste quant aux liens croissants entre le marché du bâtiment et celui de la technologie. « Le moment n’a jamais été aussi bien choisi pour évoluer dans le monde de la construction. » Il reconnaît également que la numérisation touche l’ensemble des segments du marché et que la construction ne fait pas exception. « La technologie ne s’arrêtera pas, tout comme nos concurrents. »
M. Bryant pense à ses jeunes enfants, qui n’ont jamais connu un monde sans Internet. « Pour eux, Internet, c’est comme de l’eau. Il est là et il a toujours existé. On doit donc commencer à considérer les télécommunications en tant que service indispensable. Le temps est venu de le placer au même rang que l’eau et l’électricité. »
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